Cycle de ciné-concerts ‘Un siècle de femmes ?’
Improvisations barbares pour films muets
Films de Ernst LUBITSCH (Die Puppe), Friedrich W. MURNAU (City Girl) & Erich Von
STROHEIM (Blind Husbands)
Au travers de trois films de maîtres du muet se dessine une réflexion sur la vie conjugale, ses raisons sentimentales, sociales et économiques. Avec la femme comme personnage principal à l’aube de son émancipation, ce cycle filmique nous livre un étonnant miroir de nous-même venant des débuts du XXème siècle.
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« C’est un voyage au cœur des us et coutumes de la civilisation occidentale que nous propose Kino-Sounds. A travers ces trois films de maîtres du muet se dessine une réflexion sur la vie conjugale, ses raisons sentimentales, sociales et économiques. Un étonnant miroir de nous même qui vient de l’aube du siècle dernier… » (Dernières Minutes du Nord)
Les films
Trois metteurs en scène de légende, trois films progressistes et émancipateurs portés par le point de vue musical de quatre musiciens improvisateurs complices.
En premier lieu pour raconter cette aventure il est nécessaire de rendre hommage au cinéma en justifiant le choix de ces trois films. S’il n’est plus besoin de présenter les maîtres de la réalisation que sont Ernst Lubitsch, Erich Von Stroheim et Friedrich Wilhelm Murnau il en va tout autrement des trois films que nous avons découverts. La poupée (1919), Maris aveugles (1919) et City Girl (1930) nous emmènent sur un terrain qui nous est familier et qui constitue le socle de nos sociétés occidentales. Il s’agit ici de l’union sacrée du mariage passé au crible des ses raisons sentimentales, sociales et économiques.
Si « La Poupée » et « City Girl » abordent les personnages par leur situation avant le mariage pour illustrer la rencontre qui mènera à l’union, « Maris aveugles » nous expose une situation de marivaudage où les avances de l’amant butent sur la morale de l’union consommée. Le personnage de la jeune femme est perçue selon les films et les situations comme une proie par les hommes mais trouve néanmoins le ressort d’inverser la donne du jeu amoureux pour en devenir la maîtresse. On retrouve donc dans ses trois oeuvres le trio classique de la femme, du mari (où du prétendant) et de l’amant. Un quatrième personnage rôde autour de ce trio amoureux et alimente l’intrigue. Il s’agit du père du héros (le vieux Tustine) chez Murnau et du guide de montagne (Sepp) dans le film de Stroheim. Dans « La Poupée » le trio infernal serait plutôt constitué par le baron de Chanterelle, son neveu Lancelot et la poupée prétendument mécanique. Le quatrième personnage est représenté par la confrérie des moines.
La musique
La première étape de la mise en musique pour Kino Sounds a consisté en un visionage actif de chaque film afin d’en dégager un découpage qui suit le scénario minutage à l’appui. Cette feuille de route permet par la suite une plus grande liberté d’improvisation à l’intérieur des séquences. C’est là en effet tout l’intérêt de la proposition artistique des musiciens: Donner à l’improvisation une place majeure dans l’accompagnement d’une oeuvre définitivement fixée. Une partie de leur talent a donc consisté à créer un cadre propre à chaque film et générateur d’improvisation.
Ainsi pour « La Poupée » l’improvisation est encadrée par un thème musical générique ouvrant et refermant le film à la manière de ce conte inspiré d’Hoffmann au début duquel ce met en scène le réalisateur. Le film est ludique et brillant et les musiciens de Kino Sounds sont ravi à l’idée de nous surprendre.
Pour « City Girl » la technique dont se sont inspiré les musiciens est traditionnelle dans le cinéma. Il s’agit d’une signature musicale utilisée pour caractériser chaque protagoniste. Lem Tustine, son père, Kate, Mac et leur double en musique Sylvain, Rémi, Matthieu et Yoann entament un dialogue que seul le mot « Fin » viendra arrêter.
Erich Von Stroheim passe pour un marginal dans l’histoire du cinéma. Son parcours professionnel fût chaotique, ses films furent coupés par la censure et leur propos qualifiés de sulfureux par la société de l’époque. Son premier film traite ainsi de la fidélité mise à mal. Les musiciens ont choisi de composer un leitmotiv musical représentant la vertu malmenée. Citée dans le cours de l’improvisation, cette cellule musicale s’imprègne des émotions changeantes inspirées par l’intrigue. La liberté d’interprétation reste grande mais l’unité de l’oeuvre est préservée.
Un cycle singulier
Ces trois chef d’oeuvres rehaussés par le talent d’accompagnement de Kino Sounds et mis en regard les uns des autres dégagent de nouveaux sens. Intitulé « Un siècle de femmes? » ce cycle nous permet de pousser une réflexion nourrie d’histoire sur la condition féminine au cours du siècle dernier. Il est heureux de constater que l’émancipation féminine débutée au vingtième siècle a été portée par les valeurs progressiste d’un 7ème art naissant animé d’une force de persuasion visuelle inédite.
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Autres films sur lesquels Kino-Sounds à déjà travaillé, notamment au cinéma Le Balzac (Paris) avec l’ONJ :
Carmen (1918)
Cecil B. DeMille
Folies de femmes (1922)
Erich Von Stroheim
Docteur Mabuse le joueur (1922)
Fritz Lang
Le cuirassé Potemkine (1925)
Sergueï Eisenstein
Metropolis (1927)
Fritz Lang
Vampyr (1932)
Carl Theodor Dreyer